Jorge Panchoaga, Savage

Ce soir, la lune rêve avec plus de paresse

Programme SMArt


Galerie de la bibliothèque Grand'Rue


Commissaire Julia Hountou

Dans le cadre du programme SMArt, qui interroge par le biais de la photographie les défis que nous lance la nature, Ce soir, la Lune rêve avec plus de paresse présente les points de vue de Xiaoyi Chen, Stephanie Montes et Jorge Panchoaga. Au terme d'une résidence de trois mois en Valais (Suisse), ces photographes ont mis en évidence le lien qui les unissait à la nature, livrant leur fascination pour le ciel et les objets célestes qui le peuplent.


Xiaoyi Chen
Au cours de sa résidence de trois mois dans le cadre du programme SMArt à Monthey (Suisse), Xiaoyi Chen découvre des blocs glaciaires erratiques lors d'une promenade en forêt. Ces imposantes masses rocheuses, dont certaines possèdent la taille d'une maison, ont été transportées par les fleuves de glace et placées en position dominante dans les vallées ou dispersées sur les collines et les plaines. Précieux réservoirs mémoriels, ces « monuments » alpins témoignent de la dégradation glaciaire que nous observons aujourd'hui. Fascinée par la monumentalité, la solitude et l'anachronisme de ces blocs mystérieux évoluant au sein des montagnes depuis la nuit des temps, l'artiste souhaitait restituer à travers ses photographies et vidéos la puissance intemporelle qu'ils dégagent. Dotée d'une attention extrême au détail comme au tout, dont elle joue à l'envi pour mieux nous déconcerter, Xiaoyi Chen façonne un univers photographique d'une grande poésie. Ces pièges à rêverie - qui nous parlent de notre appartenance à une Nature puissante - demeurent hors du temps et expriment un retour aux origines les plus lointaines.

Née en 1992 dans la région du Sichuan en Chine, Xiaoyi Chen vit et travaille à Chengdu. Ses oeuvres récentes portent sur la combinaison entre photographie et gravure. Dans ses créations, l'artiste suggère la relation privilégiée – voire mystique – qui se noue entre la nature et celui qui la contemple. En 2018, suite à sa résidence dans le cadre du programme SMArt à Monthey, son travail est présenté conjointement à la Galerie du Théâtre du Crochetan à Monthey et au Festival Images, Vevey.




Stephanie Montes
Au cours de sa résidence de trois mois au printemps 2020, dans le cadre du programme SMArt, au Théâtre du Crochetan à Monthey (Suisse), Stephanie Montes a exploré plusieurs thèmes inspirés par la nature impavide. Son regard s'est posé sur notre environnement, pour mettre en évidence le lien qui unit les hommes à la nature. À travers ses photographies, elle retranscrit la beauté des dessins naturels, leurs lignes, leurs formes. L'artiste nous parle de cette nature puissante et majestueuse, mais trop souvent malmenée par la croissance exponentielle de l'ère moderne, qui bouleverse nos écosystèmes. Inquiétants et attirants à la fois, les univers qu'elle a immortalisés captent notre regard. De ses paysages empreints d'étrangeté, se dégage un sentiment de solitude. Le contexte de la pandémie de Covid-19 qui sévissait pendant son séjour a pu parfois exacerber le sentiment d'isolement de l'artiste expatriée. Au dépouillement et à l'intemporalité de la nature, répondent quelques autoportraits. Son visage couvert de paillettes, en écho au ciel étoilé à l'arrière-plan, apparaît comme un cheminement sous la dictée du ciel.

Née en 1991 à Cali, en Colombie, Stephanie Montes développe une pratique qui oscille entre exploration esthétique et utilisation narrative des images. Elle s'intéresse à des sujets liés à la condition humaine, à la mémoire et au territoire. Son univers photographique s'appuie sur ce mélange d'effroi et de fascination que produit la puissance de la nature. Son travail est exposé en Colombie et en Europe.




Jorge Panchoaga
“Sous la surface de ce que nous observons, des vérités se cachent. Elles surgissent sans avertissement, comme un monstre marin qui remonte brièvement à la surface avant de disparaître. Entrer dans cet univers est un moyen d'attirer ces monstres à la surface, d'ouvrir un passage permettant aux créatures de traverser le miroir du réel et les limites du monde connu. Cette brèche où l'imagination et la réalité se confondent est le lieu où l'amour, les larmes et le bonheur peuvent exister, et c'est l'endroit où nous vivons.” Nick Cave

Notre mémoire est faite de réalité et d'imagination. Les images métaphoriques de Jorge Panchoaga, nées d'une résidence en Valais dans le cadre du programme SMArt, interrogent cette mémoire en montrant la façon dont elle guide le sens que nous donnons aux environnements et aux écosystèmes que nous habitons.

Né en 1984 à Popayán, en Colombie, Jorge Panchoaga est anthropologue et photographe. Il travaille sur des questions d'identité, de mémoire, de langage et d'environnement. Il a signé et co-signé plusieurs ouvrages, dont le livre photo OMEN : Phantasmagoria à la Farm Security Administration, et il est le directeur du projet multiplateforme Dulce y Salada. Ses oeuvres sont présentes dans diverses collections privées et son travail a été publié dans des médias internationaux tels que le New York Times, le National Geographic ou le Süddeutsche Zeitung.




Julie Langenegger Lachance
Parfois, les perspectives habituelles que nous connaissons s'inversent, et les étoiles en viennent à scintiller également sur terre. Atomes, astres, âmes et corps s'assemblent alors en une même constellation. Dans Cosmogonie, l'écrivaine, poète et actrice transgenre Gabrielle Boulianne-Tremblay pose tel un être céleste. « Peu importe d'où nous venons, peu importe où nous allons, notre nature stellaire nous rassemble dans la cosmogonie de nos existences », dit-elle. Dans ce portrait qui nous interpelle par sa force d'ambiguïté et sa dimension rêveuse, Julie Langenegger Lachance suggère combien nous sommes faits de poussières stellaires, et combien la profondeur de notre psyché n'a d'égale que la vastitude de l'univers qui nous entoure. Cette photographie est issue de la série Être portant sur des personnes issues de la communauté LGBTQI2SA, aux identités multiples (lesbiennes, gaies, bisexuelles, transsexuelles, queer, deux-esprits, intersexes…). À travers son regard bienveillant, la photographe appréhende la recherche existentielle de ces personnes en quête de leur nature profonde.

Née en 1980, la photographe Julie Langenegger Lachance vit et travaille à Montréal. Son oeuvre est fondée sur une dimension émotionnelle. Que ce soit des lieux abandonnés imprégnés des traces du passé (Le National de Montreux, 2008 / CowCow Boogie, 2009), des sujets reliés à ses origines suisses (Patrie Ailleurs, 2016 / Râcla, 2019), ou encore un regard satirique sur le tourisme de masse (Memories, 2017), ses photographies oscillent entre le documentaire, la nature morte et le portrait.




Born in 1992 in the Sichuan region of China, Xiaoyi Chen lives and works in Chengdu. Her recent works focus on the combination of photography and engraving. In her creations, the artist suggests the privileged - even mystical - relationship that is formed between nature and the one who contemplates it. In 2018, following her residency as part of the SMArt program in Monthey, her work is presented jointly at the Galerie du Théâtre du Crochetan in Monthey and the Festival Images Vevey.

Born in 1991 in Cali, Colombia, Stephanie Montes develops a practice that oscillates between aesthetic exploration and narrative use of images. She is interested in subjects related to the human condition, memory and territory. Her photographic universe is based on the mixture of fear and fascination that the power of nature produces. His work is exhibited in Colombia and Europe.

Born in 1984 in Popayán, Colombia, Jorge Panchaoga is an anthropologist and photographer. He has authored and co-authored several books, including the photo book OMEN: Phantasmagoria at the Farm Security Administration, and is the director of the multi-platform project Dulce y Salada. His work can be found in various private collections and has been published in international media such as the New York Times, National Geographic and Süddeutsche Zeitung.

Born in 1980, photographer Julie Langenegger Lachance currently lives and works in Montreal. Her work is based on an emotional dimension. Whether it is abandoned places impregnated with traces of the past (Le National de Montreux, 2008 / CowCow Boogie, 2009), subjects related to her Swiss origins (Patrie Ailleurs, 2016 / Râcla, 2019), or a satirical look at mass tourism (Memories, 2017), her photographs oscillate between documentary, still life and portraiture.