Ayline Olukman, La Mue

LE LIVRE COMME ESPACE PHOTOGRAPHIQUE : UNE APRÈS-MIDI DÉDIÉE AUX MODES D'ÉDITION DE LA PHOTO CONTEMPORAINE

En lien avec l’exposition imaginée par Pascal Amoyel, la BPM propose des rencontres avec des photographes et éditeurs. Au programme de l’après-midi : Présentation de livres, projections et discussions, signatures, autant de témoignages de la vitalité et de la diversité des éditions photographiques, avec un focus sur des livres en lien avec This Is the End, thématique de la BPM 2020.

15h00 → 17h00 / Salle de conférence Bibliothèque Grand’Rue
Parlons livres photos
« Comment naît l’idée d’un livre de photographie ? Peut-elle exister préalablement aux images ? Surgit-elle pendant que celles-ci sont en train d’être faites ou s’impose-t-elle longtemps après ? Et dans quelle mesure des éléments tels que le hasard ou les rencontres influent-ils sur ce processus ? Objet hybride et ouvert, à mi-chemin entre le roman et le cinéma, le livre de photographie a permis à de nombreux photographes de trouver un espace de création nouveau, à l’écart du magazine, de la galerie ou de la salle d’exposition. Un lieu libéré de la simple fonction d’archivage, dont le photographe peut contrôler tous les paramètres (impression, mise en page, rythme et format des images, choix des papiers, de la typographie, etc.) – ce qui lui permet de revendiquer plus que jamais une démarche d’auteur. » Nicolas Bézard

Modérateur : Nicolas Bézard
15h Alain Willaume, pour Coordonnées 72/18, éditions Xavier Baral
15h30 Geert Goiris, pour World Without Us, Roma
16h Ayline Olukman pour La Mue, Médiapop Éditions
16h30 Thomas Boivin pour A short Story, auto-édité

Ayline Olukman, La Mue


14h00 → 18h00 / Patio Bibliothèque Grand’Rue
Découverte d'ouvrages en présence des auteurs
Focus sur les diplômés de l’Écal, Lausanne proposition d’Ange-Frédéric Koffi : Noé Cotter, Matthieu Croizier, Alexandra Dautel, Line Petitguyot.
Focus sur la Régio, proposition de Marie-Paule Bilger : Guillaume Chauvin, Jean-Jacques Delattre, Françoise Saur, Dana Popescu, Sandrine Rummelhardt.
Focus sur des photographes édités par Médiapop : Philip Anstett, Pascal Bastien, Francis Kaufmann, Ayline Olulman.
& Présentation du Prix Jeunes Talents vfg, Zurich.

FOCUS SUR LES DIPLÔMÉS DE L’ÉCAL LAUSANNE : NOÉ COTTER, MATTHIEU CROIZIER, ALEXANDRA DAUTEL, LINE PETITGUYOT
Proposition d’Ange-Frédéric Koffi


Kibboutz - Alexandra Dautel

Les Kibboutzim sont des villages collectivistes en Israël. Ce sont des utopies qui ont fonctionné, et certaines fonctionnent encore aujourd’hui. Ici, un portrait en creux de deux communautés qui veulent rester discrètes est dressé, Neot Semadar et Lotan, qui se sont installés dans le désert du Neguev, et vivent en harmonie. Ces communautés sont pour moi une réponse aux théories de l’effondrement, dans une ère capitaliste menacée de plus en plus chaque jour.

Étudiante française, diplômée d’un cursus en graphisme en France, Alexandra Dautel a ensuite continué dans la photographie à l’ÉCAL en Suisse. Passionnée par l’image d’architecture, mais aussi par des sujets plus intimes, elle s’intéresse souvent à des drames passés ou futurs.


I Feel Better Deep Under the Surface - Noé Cotter

« Te souviens-tu d’avoir un jour retenu ton souffle sous l’eau, dans cette obscurité totale, flottante ? As-tu encore en mémoire ces instants d’effleurement de l’éternité ? Nous sommes tous.tes les victimes de l’oubli de notre naissance, survenue à la suite d’une longue apnée, immergés dans l’eau mère. Ce monde liquide, calme, à quel point t’appelle-t-il au retour ? À quel point tes bras désirent-ils son absence d’apesanteur, ton corps entier cette pression, dont tu n’étouffes pas puisque l’air n’existe plus ? »

Amoureux des profondeurs et des risques qu’elles impliquent, Noé Cotter a fait de la photographie son médium. Fasciné par l’image et sa réalisation, ses œuvres sont les échos tantôt houleux, tantôt paisibles, d’une aventure humaine sur terre. Ses plongées dans des lacs et rivières en Suisse lui ont permis de travailler sur une série ainsi qu’un court-métrage immergeant les visiteurs.euses dans le monde aquatique.




C’était avant toi, je dirais quelques mois avant - Matthieu Croizier

Le travail de Matthieu Croizier s’articule autour de la relation que Matthieu a avec sa mère. Ce projet est sur elle, sur eux, sur ce qu’ils se disent et sur ce qu’ils taisent. C’est un long trajet en voiture au cours duquel l’esprit divague. Dans cet espace à la fois clos et ouvert, une situation particulière se crée : le conducteur fixe un point de fuite devant lui et la confrontation directe des regards est évitée. Les mots peuvent sortir des bouches. Ils se cognent aux portes, rebondissent jusqu’à la fenêtre la plus proche et s’envolent, emportés par le paysage qui défile en sens inverse. C’est la fin de l’été.


ALF - Line Petitguyot

Line Petitguyot questionne les mises en opposition qui dans notre société peuvent conduire à l’exclusion d’un sujet. Line nous plonge dans un décor fantomatique à mi-chemin entre regrets et désirs. Les dualités abordées mettent en lumière les parties d’un tout, qui ensemble constituent une unité. Le mouvement est un autre axe important de son travail, une partie essentielle de son développement. Line Petitguyot utilise des sources lumineuses et différentes techniques photographiques pour donner à voir ces flux. La numérologie a également une place primordiale dans son livre, elle confirme des méthodes très instinctives qui apparaissent sous la forme de structures abstraites.
FOCUS SUR LA RÉGIO : PATRICK BOGNER, GUILLAUME CHAUVIN, JEAN-JACQUES DELATTRE, DANA POPESCU, SANDRINE RUMMELHARDT, FRANÇOISE SAUR
Proposition de Marie-Paule Bilger


Erdgeist, Patrick Bogner

« Les images rapportées par le photographe Patrick Bogner de ses incursions aux abords du cercle arctique, dans les Orcades, les Féroé, à Saint-Kilda, en Islande, en Écosse, aux Hébrides ou en Norvège, mettent en scène le sublime écrasant de paysages déserts et déchaînés, inhabitables, où l’homme, fatalement de passage, vient rechercher un face-à-face avec des forces qui l’excèdent. »

Photographe indépendant depuis 1982, Patrick Bogner vit et travaille à Strasbourg. Ses thèmes de prédilection s’articulent autour de l’Ailleurs, cet Ailleurs qui n’est pas un lointain, mais l’envers d’un lieu, sa face invisible ; un ailleurs qui, présent dans un lieu, aurait besoin de la photographie pour s’incarner. Il affectionne particulièrement les terres reculées du Brésil et d’Amérique Latine, où il mène des projets depuis 1987.




Chauvin en Colombie, Guillaume Chauvin

Si Tintin avait photographié et décrit ses missions, il ne l’aurait certainement pas fait ainsi. L’immersion en Colombie de G.C. fut plutôt pour lui l’occasion de documenter les quotidiens de colombiens volontaires, du lever au coucher, qu’ils soient écolier, gouverneure, vétérinaire, soldat… L’ouvrage sans fin déroule ainsi les images visuelles et littéraires, le réalisme magique cher aux colombiens n’étant jamais loin.

Lauréat Best books du PH Museum, Finaliste du prix du livre des Rencontres d'Arles, nominé au Post-Conflict Award Getxophoto. Né en 1987 et habitué aux expériences battues hors des sentiers, Guillaume Chauvin questionne la subjectivité des images et affirme son « point de vue documenté ». Établi un temps en Russie et attiré par les personnages alternatifs, il publie ses récits illustrés dans la presse nationale et internationale (M Le Monde, 6 Mois, Géo, Society…). Il développe un travail d’écrivain (Éditions Allia) ainsi que d’éditeur (Les éditions m’habitent).


1974, Jean-Jacques Delattre

« J’avais quinze ans. Baptême de l’air : France / U.S.A. Une visite aux cousins d’Amérique. Mon père me prête son FOCA Sport. Premières photographies. East Hampton, Connecticut, Washington D.C, New York City. (…/…) Photographies et pellicules perdues, puis retrouvées la chimie à fait son œuvre sur les négatifs et les tirages papier de l’époque. (…/…) Ce n’est jamais complètement « This Is the End ».

Happé très jeune par la photographie, Jean-Jacques Delattre n’a de cesse depuis, que d’aller, non seulement vers la découverte mais surtout le partage de ce que le quotidien, le banal, l’inexorable, le « normal » à l’œil du passant, peut contenir pour lui, l’immensité de l’inconnu, l’insolite d’une autre dimension, la surprise d’une interprétation décalée. Seul le mystère que contient l’évidence l’intéresse.




Oblivion, Dana Popescu

Le livre “Oblivion” (l’Oubli) est un voyage dans le temps à travers les différentes saisons, il est réparti en quatre chapitres. Le thème « This is the end » est imaginé comme un éternel retour par le cycle des saisons. Le printemps, « The only one » (Le seul) est l'histoire de la fleuraison d'un amaryllis dans un appartement décrépi. La beauté nous entoure, mais nous n'arrivons pas à la voir. L'été « Summer people» (Le monde de l'été) est une ode à la légèreté. « Nights» (Nuits) présente les nuits d’automne et son énergie. « Breath » (Respirer) nous transporte dans la solitude de l'hiver.

Dana Popescu (*1981) a grandi en Roumanie et en France. Éduquée en tant qu’artiste pendant ses années de lycée, elle est titulaire d'un diplôme français d'architecte, après des études au Japon. Elle a travaillé en France et en Luxembourg où elle vit à présent. Son travail artistique est une contribution au design d'anticipation, photographie et vidéo, avec des expositions et performances en France, Suisse, Allemagne et Luxembourg.




Carnets de villages - environs de Bernwiller, France ; sur les pas de Jean-Jacques Henner - Sandrine Rummelhardt

« Revenue en région de Mulhouse il y a quelques années, je découvris que j'habitais près de Bernwiller, le village natal du peintre Jean-Jacques Henner. Fils de paysans, il s'attacha dès ses débuts à peindre son entourage, portraits et scènes de la vie quotidienne, et la nature environnante. Créant ainsi un paysage du monde dans lequel il vivait, paysage 'de terre', aux résonances profondément humaines et sociales. A mon tour j'eus envie d'aller à la rencontre de cette petite paysannerie si proche et si peu visible, malmenée aujourd'hui par l'agriculture industrielle. A la découverte de ce mode de vie près de la nature, au fil des saisons, qui subsiste et résiste, sur les franges de notre monde moderne…Et je partis alors vers ces 'petits pays', avec ma camera et un carnet de notes, sur les pas de Jean-Jacques Henner.... »


Endlichkeit, Françoise Saur

« Dans la lumière de l’arrachement. Nous portons cette crainte de l’effacement, des images, de la voix et de la langue. Nous portons tant sur le réel les images enfouies ou si proches qu’elles se consument les unes les autres. Nous cherchons dans un miroir inachevé l’inversion de notre temps de vie. Françoise Saur dit de cette série de photographies qu’elle est née dans l’urgence. Série qui fait irruption dans la vie de la photographe, qui bouleverse la construction ou la volonté habituelle des images. Nous pouvons comprendre l’urgence parce que toute vie est comptée. » Germain Roesz

Françoise Saur (née en 1949 à Alger), après des études à l'école Louis Lumière à Paris et à la Folkwangschule für Gestaltung avec Otto Steinert à Essen (Allemagne), est la première femme à recevoir le prix Nièpce en 1979. Elle est membre de l’agence Viva à Paris puis de l’agence Visum à Hambourg. Ses voyages en France et à l’étranger (Algérie, Chine, Laos, Kerala…) inspirent de nombreux travaux photographiques. Françoise Saur publie plusieurs livres suite à des projets personnels ou à des résidences d’artistes, réalisant toujours elle-même les mises en pages et collaborant avec des écrivains. Elle participe à de très nombreuses expositions (France, Europe, USA) et ses photographies sont dans de multiples collections publiques et privées.