Lorrain Hellwig
EXPOSITION

THE AND

IRENE DE ANDRES, JULIUS BRAUCKMANN, LORRAINE HELLWIG, DANIEL KURTH, DAVID MESKHI, BARBARA PROBST, LAURA SCHAWELKA.
Kunsthaus L6, Freiburg
Commissariat : Maria Sitte et Ann-Katrin Harr


En Occident, nos structures sociales sont depuis bien longtemps dirigées par des dynamiques commerciales en quête permanente d’optimisation. Au vu de la commercialisation globale du quotidien, et en s’appuyant sur l’esthétique des stratégies marketing, les posts photographiques sur les réseaux sociaux mettent à jour de nombreux aspects retouchés d’une culture de la publicité et du quotidien.

L’exposition « The and » au Kunsthaus L6 de Fribourg expose sept artistes jouant avec le thème – et la métaphore – du mécanisme visuel de ces stratégies d’(auto) marketing et d’optimisation. Parmi les thèmes abordés : les produits classiques du merchandising, des corps athlétiques, des « orgies » de voyages excessives, la consommation d’art ou encore l’habitat comme symbole exclusif de luxe. Les travaux thématisent ainsi autant la fétichisation matérielle que la complaisance exagérée, le profit humain, l’optimisation du corps et l’éphémère de la culture de la publicité.

Et pourtant, nous n’assistons pas à une condamnation des images de la « culture pub » et du quotidien pour « manipulation frauduleuse ». L’ensemble de ces œuvres se lit plutôt comme un commentaire à la fois critique, humoristique et distancié, et questionne le rôle de la photographie comme complice de l’esthétique moderne de la publicité et de la marchandise.

Le jeu de mot à double sens formé par le titre de l’exposition, « The and », renvoie à ce postulat ambivalent, traité par cet ensemble d’œuvres soit comme un joyeux rêve hédoniste, soit comme un absurde cauchemar apocalyptique. Et cet aspect invite à son tour à réfléchir au diagnostic formulé en son temps par Mark Fisher : il est plus facile de s’imaginer la fin du monde que la fin du capitalisme. En ce sens, Laura Schawelka paraphrase la rhétorique économique mise en scène à des fins publicitaires dans la vente en ligne ou dans les grands magasins. David Meshki et Lorraine Hellwig se consacrent au culte d’un corps entraîné à l’autopromotion – soit du point de vue du partage sur les réseaux sociaux, soit du point de vue de logiques discutables dans les concours sportifs. S’appuyant sur le credo « le privé est économie », les travaux de Barbara Probst et Daniel Kurth transforment la maison en coulisse, dans laquelle les acteurs deviennent des accessoires. Le dynamisme de la consommation est aussi propre au monde de l’art, ce que thématisent Irene de Andres et Julius Brauckmann. Tandis que De Andres explore sous forme de motif de posters la comparaison entre des bateaux militaires et des bateaux touristiques comme scène exagérément capitalisée, Brauckmann s’est penché sur la question de l’exclusivité et de la consommation de l’art.

Ann-Kathrin Harr est historienne de l’art et curatrice. Après des études d’histoire de l’art, de pédagogie et de français à l’université de Trier, elle a travaillé entre 2017 et 2019 en tant qu’assistante curatrice au Kunstverein de Fribourg, où elle a participé à la mise en place d’expositions solo et de groupe d’art contemporain. En 2017, dans le cadre de la Regionale, elle était curatrice aux côtés de Heinrich Dietz de l’exposition de groupe « Liquid Fertilizer » ; en 2018, aux côtés de Maria Sitte pour l’exposition de groupe « Talk to me » du Kunstverein. Elle travaille actuellement dans le domaine de l’art dans le milieu public. Ann-Kathrin Harr vit à Fribourg-en-Brisgau.

Maria Sitte est historienne de l’art et curatrice. Après une maîtrise d’histoire de l’art, de psychologie et d’histoire à l’université de Trier, elle est assistante curatrice à la galerie d’art Schirn à Francfort, où elle travaille à la réalisation de nombreuses expositions d’art moderne solo et de groupes, notamment « ICH », « René Magritte. Der Verrat der Bilder », « Peter Saul », « Glanz und Elend in der Weimarer Republik » et « Power to the people ». En 2018, elle est curatrice aux côtés de Ann-Kathrin Harr de l’exposition de groupe « Talk to me » au Kunstverein de Fribourg, présentée dans le cadre de la Regionale 19. Elle travaille actuellement comme chargée de recherche à l’université de design d’Offenbach en préparant sa thèse sur les « stratégies d’investigation dans l’art contemporain ». Elle vit à Francfort sur le Main.


The exhibition shows 7 artists toying with the theme– and metaphor – of visual marketing strategies. Among the themes addressed: conventional merchandising products, athletic bodies, the ‘debauchery’ of excessive travel, consumption of art and property as an exclusive symbol of luxury. The works address both fetishized commodities and exaggerated indulgence, human profit, body enhancement and the ephemeral world of advertising. However, we are not witnessing a condemnation of images from the ‘culture of advertising’ and everyday life for ‘fraudulent manipulation’. These works as a whole read more like a critical, humorous and distanced commentary, and question the role of photography as complicit with the modern aesthetics of advertising and goods.


Lorrain Hellwig
Irene de Andres